samedi 29 septembre 2007

Comme toute euphorie

La voilà libre. Elle me parle depuis cette pièce vide que cette femme (est-ce une amie ? Peut-on franchir les distances sociales sans se leurrer ?) lui prête "pendant 12 jours". Nous compterons, nous compterons, tu sais. Tu es toi-même. Enfin. Mais tu es si excitée, presque hystérique, au bord de ce quelque chose que jamais tu n'as, jusqu'à ce jour, désigné clairement. Es-tu rattrapée par le rêve de toujours. Lequel ? Celui de Mantasoa. Cette étendue où se mèlaient tous les bleus. Tu n'étais rien et ta mère te le faisais sentir. Sa violence sentait la foi bafouée, humiliée, trahie. Par qui ? sinon par elle-même. Tu lui rappelais qu'elle n'avancerait plus jamais alors qu'elle y avait cru, un peu, au bras de ce militaire vite envoyé en Indochine. Mais ce bleu ! Il était à toi aussi. Tout autant que le militaire qui n'existait que pour cela : le certifier. Les bleus se mèleraient à nouveau.
Tu appelles, avec cette voix affranchie. La pièce est bien vide. La radio le prouve. Tu augmentes le volume et la musique frappe plus vite contre les murs nus.
Pendant 12 jours, tu jureras que c'est ce que tu voulais et nous te croirons. Comme avant. Cette fois pourtant, tu auras raison.

vendredi 28 septembre 2007

mercredi 26 septembre 2007

Saisir le moment où elle sort

c'est si rapide et
cette fois encore tu la rates

mardi 25 septembre 2007

Paris 76

Le premier photomaton. Paris, 76.
Par où regarder ?
Cette péniche pleine. Les Invalides.
Elle penche la tête. Nous avons disparu du champ.
L'innocence est dans le prix que
nous voulons payer pour les gestes les
plus simples. Nous ne le savions pas encore.

dimanche 23 septembre 2007

Ce pourquoi tu marchais


Ce pourquoi tu marchais grisé
de distance
ton pas léger croissant dans le
silence
tu n'aurais plus peur
toujours plus immobile

Moitié


samedi 22 septembre 2007

Se méfiant de tous


Estoy perdido

Café Cruz.
Les papiers gras, les journaux qui emportent l'Histoire; vent de Far West. Où sommes nous ?
Le décor d'une Espagne qui a basculé. Du bon côté. Elle cicatrise et ses enfants ont faim. Cuillers, seringues. Dope n'roll. La tradition, la ville. Tout est musée à ciel ouvert : la bête meurt et est là, dans l'image, hors l'image, l'image même dans sa fragilité d'aile d'ange qui se brise comme le verre. Seringue, seringues encore. Kilomètres de seringues qui avancent plus vite à mesure que cette Amérique décadrée des ruelles de Madrid incarne l'espoir de la fin. Alberto García-Alix, le frère de Nan Goldin. Le regard triste du survivant.

Imagens na imagem


vendredi 21 septembre 2007

Après le chiffre 9

J’étais le garde du corps de mon frère. C’est ce que l’on m’a dit. Je ne m’en souviens pas. Plus tard, je me revois l’observer alors qu’il dort. Il avait cette réputation justifiée de s’endormir si rapidement (qu'y avait-il à oublier ?). Un jour, à peine étais-je arrivé au chiffre 9, qu’il s’était assoupi. Une autre fois, je l’avais dessiné et n’étais pas mécontent de ce portrait.
Qu’est devenu mon frère au-delà de ce chiffre 9 ?
A-t-il survécu aux souvenirs tardifs ?

Expansion


Je cherche une direction


jeudi 20 septembre 2007

L'homme est substantiel


Paris, ligne 2. Il se lève. "L'homme est substantiel et non abstrait. Il doit se faire manger comme nourriture". Il se rassoit. Il disparaît.

Ahmed, Ahmed où es-tu ?


lundi 17 septembre 2007

A qui la faute ?


Chef d'orchestre

C'est donc cela. Tu filmes. Bien plus ce soir, pour les semaines qui viennent. A. d'abord. Seule sur son banc, face à la rupture. Cette fracture dans sa vie dont elle ne sait encore se réjouir, tant elle attendait encore un peu de l'être aimé. Courage ! Elle repartira. Chaussera de nouveau son équipement de trekkeuse à l'assaut des éternités gélées du sud argentin.
Tu filmes ensuite cette jeune fille charmante, rêveuse et saoule de Béziers, d'abord petite provinciale éblouie qui nous conte sa capitale, la Capitale, redevient celle que tu devines et plus encore, tant l'alcool hystérise ses gestes fous, son rire envahissant, ses provos de timide amoureuses de filles et de révoltes. Donc, tu filmes. Tu filmes et tu orchestres. Bientôt, grâce à toi, c'est tout le train qui entrera dans la transe. Tu seras parti. Remontant le quai, croisant les flics, les supporters, les chefs de gare, les SDF. Retrouvant peut-être, Rija, le chauffeur de taxi timide de Tsiroanomandidy. Lui aussi entrera dans le tromba, la possession. Quelqu'un appellera : "allo ! Paris?" Mais ce ne serait plus Paris ou pas encore.

jeudi 13 septembre 2007

Drôle de fosse

Et dans garage
ta rage
la nôtre.
Cette béance : drôle de fosse
à y cacher une vie de honte et y
puiser

à y jeter cette faute comme
on balance la clé de 10.

sortir du bois un matin sans lune

là-bas, le garage
s'y cacher
s'en délivrer.

mercredi 12 septembre 2007

Le nom ne venait pas

qui vous oublie passant et si
vite c'est demain et hier
la parole scrute encore
et suscitant cette curiosité
fatiguée et si vive pourtant
la colère aussi venait et ne venait pas
engourdie mais décidée jusqu'à
ce qu'oublier soit la parole
alors dans l'éclaircie de la clairière
le geste serait une parole puis une autre

Faisceau intermédiaire et fond du présent

quand elle est saoule
tu la crois morte
tu souhaiterais
qu'elle le soit
et tu te sens supérieur
un marchepied
et tu te sens misérable
là où elle est
cette ombre
qu'elle tutoie
affalée
sans décence
là où elle
ne bouge presque plus

mardi 11 septembre 2007

elle ne se laisserait pas voir
et même sortant, sortant de ce bar
tu ne poserais aucune question

L'homme au sac rose


samedi 8 septembre 2007

Sans cette digue

Là est encore la
braise. Tu
le sais
désignant par vague et
celle-ci est un peu plus haute
voilà tout. Echouées les
années se lèveront et
l'appel tu
ne l'entendras pas
pas encore même si
c'est toi qui en es
l'écho
mat

Quai de la traversée

Naguère Rilke l'entendit parler "aux frêles fleurs comme à de frêles frères". Mais comment, comment donc traverser ce qui n'était plus une prairie marine et bien le versant d'un unique mouvement, dense d'hostilité. Se délester pour nager. Cette fois décider de laisser pour que du quai de ce prenne fin les errements.

vendredi 7 septembre 2007

jeudi 6 septembre 2007

Et maintenant, tu vois ?


Ce que tu tiens


Ce que tu tiens
fratello
l'instant d'après
tu ne le lâches pas

regarde comme tes mains s'agrippent
alors que le calme se fait
autour de toi. Rue
aussi vaste qu'un fleuve. Qu'importe,

car ce que tu tiens
fratello
tu ne le lâches pas.

Donner/prendre


Les mains, la main
s'avancent
non
les sacs où puiser et plier et replier... comme
c'est lourd! Il n'y a rien et
d'autres (elles sont trois)
dansent à force d'être là, vraiment
heureuses, probablement
voyez leur visage!

Beautiful Life




Derrière son caddie, effacé, happé de l'intérieur.

Puis, tu veux le prendre en photo. Un autre angle. Et de quel droit d'abord ! Il bondit. Plus grand que toi peut-être. Barbe en colère. Il déploie le pantin qui se cachait. Confusion. Je te pousse vers cette plaque, rue Mazarine : Desnos a vécu là.

Il a disparu. Mangé de nouveau par le coin vorace où il déployait depuis des jours, rien et puis encore rien, à l'abri du caddie. Barricade, colère, Paris.

Moka, île Maurice, juin 1917

L'oeil témoin -
C'est elle elle
encore n'y voyant
presque
plus

l'oeil témoin pour
90 ans encore -

mardi 4 septembre 2007

lundi 3 septembre 2007

L'homme de la N.197


Il avait beau se presser, il n'avait pour lui que la lenteur et l'épaisseur du temps contre laquelle lutter; ces charges insensées, le salut aveugle des carcasses de voitures, d'engins agricoles; la rouille des clôtures. Je l'avais croisé deux fois avant de saisir son image, sans le remercier.

dimanche 2 septembre 2007

Lui


Rue de la République à Modane.
La soixantaine, bronzé, peau tannée. Les lacets de ses chaussures de tennis sont faits. Pour un peu, il descendrait de son 4X4. Vestige aristrocratique dans le regard. Il a le ventre à l'air; marmonne, s'appuie contre le mur sans vraiment paraître fatigué. Ce n'est que quand il s'éloigne et que je le cherche que je remarque son pas approximatif. Il disparaît soudain.

L'ombre courte




Lisbonne, Juillet 2007

L'homme assis

Bastia, 2007

Les 3 jambes et le carillonneur




Probable, probable qu'elle ait croisé Félix, 96 ans, assis là sur le banc. Au fond, le connaît-elle si bien ? Et depuis quand ? 31, 32 ? Avant peut-être même. Lui qui passait, légèrement penché déjà, jusqu'à l'église. Le sonneur des cloches, c'était lui.